L’exploration du vide est une étape cruciale du travail de deuil.

L’exploration du vide est une étape cruciale du travail de deuil. C’est une expérience qu’on ne peut faire que seul, face à soi-même. La perte laisse la place au rien, au vide, au néant. Comment vivre face à ce sentiment de vide ?

Se confronter au vide, c’est avoir la sensation que rien n’a de sens, que quelques soient nos actions, elles n’ont pas d’impact. Un de mes patients me disait lors d’une consultation, qu’il avait comme envie de disparaître. Comme en se fondant lui-même dans le vide. Le vide évoque souvent la notion du danger, du vertige. C’est une peur profonde, qui relève de l’instinct. 

“Attention de ne pas marcher trop au bord de la falaise, en dessous il y a le vide.” 

D’ailleurs, la peur du vide est souvent liée à la montagne. Mais nous y reviendrons dans un autre article.
Le vide évoque aussi la non-matière. Est-ce que le vide est mesurable ? Est-ce qu’il est palpable ? Autant de questions qui se font l’écho de la mort. La mort est d’une certaine manière indéfinissable puisqu’on ne sait pas ce qu’il y a derrière. Faudrait-il forcément associer la mort au vide ? Autant de questions qui nécessiteraient un développement plus approfondi. Mais revenons au vide.

Découvrir des parts de soi-même en explorant le vide

Explorer le vide c’est découvrir des parts de soi-même qui jusqu’alors étaient inconnues, dans l’ombre. D’ailleurs à ce propos, pourquoi est-ce que le vide serait une part d’ombre et non pas une part lumineuse ? En tout cas, c’est une expérience qui ressemble à celle de la traversée du désert. A ce propos, le désert est un des symboles que l’on retrouve fréquemment dans les cures de rêves qui parlent du deuil.

Le désert est une zone aride où il est difficile de s’aventurer seul, en tout cas sans s’y être préparé. Parce que faire l’expérience du vide peut-être quelque chose de vertigineux, quelque chose auquel on ne s’attend pas, une expérience qui nous dépasse voir même qui nous transcende. Il y a quelque chose de l’ordre du sacré dans cette traversée du désert. Il y a un avant et un après. Nn ne ressort pas indemne de cette traversée du désert. Il y a ce processus de transformation de l’être dans sa totalité qui devient une nouvelle version de lui-même. Pourrait-on affirmer alors que l’expérience du vide permettrait de revenir vers soi ?

Je ne sais pas. Il y a des sujets qui se sont familiarisés avec le vide depuis qu’ils sont tout petits. En effet s’ils n’ont pas été beaucoup sollicités par leurs parents. Ils se sont approprié ce vide dans lequel ils se trouvaient et en ont dessiné les contours d’une certaine manière, en créant ainsi un univers dans lequel ils se sentent à l’aise. Traverser ou retraverser le vide ou le désert pour eux n’est pas quelque chose de nouveau, de l’ordre de l’expérimentation puisque c’est quelque chose qu’ils connaissent déjà. 

exploration du vide comme rite initiatique

La traversée du vide, un rite initiatique

Pourtant le vide du rêve est extrêmement précieux parce que dans les deux cas il permet de se confronter soit à cette nouveauté soit à ce connu mais en tout cas d’y expérimenter à nouveau une sorte de rituel initiatique. Pierre-Yves Albrecht parle justement du désert en tant que lieu d’initiation chez les touaregs. On y laisse le jeune homme errer trois nuits durant afin qu’il se confronte à ses propres peurs. Il est en charge du troupeau. Et lorsqu’il reviendra de cette expérience il sera devenu un homme. Alors il sera accueilli par ses pairs comme celui qui a vaincu ses peurs, ses démons et qui en est sorti vainqueur. C’est ce que nous propose le rêve à travers cet affrontement du vide, cette réactivation, en tout cas, de ce qu’est le néant, afin de nous confronter justement à nos propres peurs les plus profondes. 

Vide ressenti à la naissance

La naissance, première expérience du vide et de la mort

La première de nos peurs, peut-être celle qui nous a le plus terrifiés, ne serait-elle pas celle de l’expérience de notre naissance ? Ce passage du plein (le ventre de la mère est tellement confortable, la plupart du temps), au vide, cette sensation de chute, cette sensation de ne plus être porté par autre chose que du vide, c’est ce qui peut créer une sorte d’angoisse existentielle extrêmement profonde, primitive et qu’il est parfois difficile de nommer. Le décès d’un proche vient dans ces cas-là réactiver cette peur primale et c’est pourquoi le processus  deuil peut se figer. Peut-être parce que le sujet ne sait pas de quoi il souffre. Même s’ il en a une impression, il ne peut pas mettre de mots sur cette angoisse du vide, de la mort pourrait-on dire. En effet, naître à la vie c’est aussi mourir à ce vécu dans le ventre, cest un premier passage vers l’inconnu. 

L’initiation Annick de Souzenelle, Pierre-Yves Albrecht, éditions Le Relié

Matthieu Le Tousse

Matthieu Le Tousse

Praticien en Rêves Eveillé Libre

Thérapeute spécialisé dans l’analyse des rêves, j’aide ceux qui le souhaitent, à retrouver l’estime d’eux-mêmes, sortir de la dépression, ou encore vaincre une phobie ou des angoisses.

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